Leopold Stösser - Terminée

La richesse est quelque chose que j'ai toujours connu. Depuis mon plus jeune âge, et aussi loin que mes souvenirs me le permettent, je n'ai connu que le luxe et l'abondance. Mes parents sont l'une des familles les plus fortunées de Corona. J'ai toujours vécu dans les beaux quartiers, avec des tas de domestiques et des beaux jardins. La famille Stösser au complet logeait au Palais Royal. Petit, je jouais très souvent avec mon plus jeune frère dans les immenses jardin du Palais.

J'ai grandi dans cette bulle, coupé du reste du peuple de Corona. J'étais un gamin arrogant, suffisant et hautain qui était attaché aux étiquettes, préjugés et protocoles. Je me souviens d'un jour, j'avais accompagné mes parents en ville, ils devaient faire quelques courses. Ils ne voulaient pas que nous les accompagnions en règle générale, mais je les avais fait changer d'avis cette fois-là. Ce fut la première fois que je fus confronté à la pauvreté de certaines familles ici, à Corona. Mais étant dans cette bulle que mes parents avaient créée pour nous, je me souviens avoir pensé du mal de ces personnes.





Je passais mon temps à errer dans le Palais, cherchant à m'occuper, quand la Purge arriva. Je n'étais encore qu'un gamin à l'époque. Vingt ans, c'est jeune lorsque l'on voit ce genre de massacre. Cette Purge aura au moins eu un effet positif sur moi : je compris qu'il était temps de grandir, de devenir plus responsable et plus mature. Il était temps de prendre positon dans le Royaume et être un homme — un vrai. Je ne voulais pas être sans travail, comme certains nobles le sont. J'aurais pu me le permettre, mais je voulais être utile pour mon Royaume et y contribuer réellement — affronter la réalité d'une certaine façon, même si j'étais un « privilégié » pour certains. J'ai donc entrepris de devenir un diplomate, ce qui me permet de voyager et de découvrir d'autres Royaumes — j'adore ça. J'ai de nombreuses hautes responsabilités envers la couronne et c'est ce qui fait que j'aime mon travail. Contribuer à la paix et au bonheur du Royaume, c'est l'une de mes priorités.





Vous l'aurez très certainement compris, je ne suis pas — plus— aussi attaché que mes parents aux traditions et valeurs de la noblesse du Royaume. Je suis même un peu en désaccord avec eux sur certains points, mais je respecte leur décision et je me suis résigné à épouser une jeune femme choisie par eux. Mes éternels refus à toutes les propositions de mariage les avaient inquiétés et ils passaient leur temps à m'en parler, si bien que je n'eu guère d'autres choix que d'accepter. Elle a l'air gentil et sympathique, cette future épouse, mais elle ne sera jamais elle. Je ne l'aimerai jamais comme je l'ai aimé — et aime — elle.





C'est qui ce elle ? Ce elle c'est mon obsession de ces dix dernières années. Mareena Rosenberg. Mareena et moi avons grandis ensemble au Palais, ses parents sont une autre riche famille de Corona. J'étais promis à elle lorsque j'avais vingt ans, et j'en étais très heureux. Bien qu'au début je la considérais comme une petite soeur agaçante, on est très vite devenus inséparable, meilleurs amis. C'est là que j'ai commencé à avoir des sentiments pour elle. Je suis tombé amoureux d'elle, si bien qu'aujourd'hui encore, je pense à elle. Lors de cette fameuse Purge, j'ai appris que Mareena était en réalité une sorcière. Je me suis senti trahi et blessé si bien que je n'ai pas cherché à la rattraper quand elle s'est enfuie. Je me sens extrêmement coupable, aujourd'hui, d'avoir passé toutes ces années à la fuir, à éviter la ville de peur de la croiser et de devoir lui parler. Cela fait maintenant dix ans que je n'ai pas vu son beau visage … dit ans qu'il me hante …





La situation actuelle du Royaume me préoccupe. Beaucoup de monde s'agite ici, au château ; mais je suis prêt à faire tout ce qui est dans mon pouvoir pour le protéger.





Mes fiançailles sont devenues publiques, et j'espère secrètement que l'annonce de mon mariage fera réagir Mareena et la fera sortir de son silence. On n'oublie pas son premier amour …