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« J'avais ton âge il y a à peu près ton âge »

Tu seras un homme mon fils On ne lui a jamais dit. A vrai dire, Peter n'a jamais eu de relation très fusionnelle avec son géniteur. Le patriarche Yngerame n'était pas présent aux côtés de l'héritier, pas aussi souvent que ce dernier aurait aimé. Son père était une personne qui ne tenait pas une place plus importante qu'un autre dans la cour mais il se démenait pour que cela arrive, il était prêt à n'entretenir aucune proximité avec son propre fils pour devenir quelqu'un dont on pourrait parler souvent, comme un proche du roi, son père était un excellent chevalier mais son physique l'empêchait d'être pris au sérieux, bien sûr il était un homme non pas de petite taille, mais pas non plus un géant, et puis tout le monde le trouvait bizarre au palais, comme s'il était souvent dans un état second. Peter a été placé très jeune dans un manoir en campagne, entouré de domestiques et accompagné de sa mère, celle à qui il tenait énormément. Sa mère semblait bien être à dix milles lieux de la mentalité de l'homme, elle ne tenait pas à avoir une place si importante que ça, en fait, si elle aurait du être paysanne, elle n'aurait jamais eu le quelconque regret, elle avait eu un fils, son rêve de toujours. Elle était toujours si gentille avait les domestiques, si bien qu'elle était souvent vue d'un mauvais œil au palais mais elle ne s'attardait pas dans ce monde sans réelle compassion, sans réel sentiment, ils jouaient tous un rôle dans cette comédie humaine. Bien évidemment, Peter, ayant toujours été l'enfant chéri de sa tendre mère se mettait à lui ressembler de plus en plus. Beaucoup lui prêtait une ressemblance physique avec son père, mais c'est bien psychologiquement qu'il ressemblait à celle aimée de tous dans la campagne. Sa mère avait toujours été passionnée par les musiciens et musiciennes si bien qu'elle avait, indirectement, transmis sa passion au jeune garçon qui, dans un élan de gentillesse, avait été voir celui qui avait été engagé comme chauffeur qui se révélait être un musicien. Au final, il avait un réel talent, il apprenait très vite si bien qu'il avait très vite joué plusieurs morceaux à sa mère pour son anniversaire, elle était si joyeuse d'avoir suivi son fils, refuser d'être souvent à la cour, personne dans la noblesse n'avait compris un choix pareil.

« Le passage à l'âge adulte est glissant dans les virages »


Tu seras un homme mon fils On lui avait enfin dit, non pas d'une voix masculine, mais d'une voix féminine, une voix faible, qui semblait malade, qui semblait rendre son dernier souffle. La mère de Peter, à son adolescence, venait de succomber à la maladie. C'est un monde qui s'écroulait. Il n'était plus le même, son père était encore absent mais bizarrement Peter ne lui en voulait pas, il avait abandonné l'idée qu'il passe ne serait-ce qu'une semaine avec sa famille, généralement ce n'était qu'une demi-journée par mois. Il entrait dans une phase sombre mais surtout très vide, lui qui avait toujours été très studieux semblait peiner à retenir ses leçons, il n'apprenait plus de ses erreurs, il préférait les enchaîner encore et encore. Une semaine plus tard après la mort de sa mère, son père apparaissait enfin, il avait raté les funérailles, tout comme Peter qui n'était pas sorti de sa chambre. Les deux n'avaient d'abord eu aucun contact visuel. « Peter, ce soir tu viendras avec moi au palais, je te présenterais à des proches. » Sans même bouger la tête ne serait-ce que d'un millimètre, Peter se retenait de demander si lesdits proches l'étaient bien plus que lui ou sa mère. « Oui Père. » avait-il finalement dit, fixant cet arbre dans le jardin, cet arbre où il avait l'habitude de jouer de la guitare pour sa mère, où il avait l'habitude d'écouter des histoires de chevaliers et de princesses se mariant. Son père posa sa main droite d'une manière fébrile sur son épaule gauche, ne disant rien de plus. Peter quittait la pièce, il allait dire au revoir à tout ceux qui travaillaient dans ce manoir, il avait promis qu'il reviendrait bientôt.

Au palais, c'était un monde bien différent qui s'offrait au jeune garçon, le voyage avait été pénible, ce qu'il découvrait des hommes et femmes de sa condition le rendait encore plus sceptique quand à essayer d'avoir les faveurs de la famille royale. « Ooooh, ça doit être le petit Peter ! Qu'il est beau, qu'il semble courageux et fort » s'exclamait une femme bouffie, de la nourriture dans les deux mains et non en petite quantité. Peter écarquilla grand les yeux mais rien n'y faisait, le physique de la femme serait toujours plus rond. « Il me semblait plus convenable que celui qui représentera le nom Yngerame dans ses meilleures années soit amené à découvrir la vraie vie. » répondait son père avec un sourire aussi faux que chacune des personnes rassemblées dans cette cour. La vraie vie ? Peter n'en semblait pas convaincu, pas le moins du monde. En revanche, une odeur venait lui chatouiller le nez et ses pas le conduisirent naturellement jusqu'à une table où était présenté de la nourriture qui lui rappelait celle du manoir, il ne pouvait s'empêcher de se servir et de croquer à pleine dents dans ce met qui semblait exquis. Pour l'odeur et l'apparence, c'était du dix sur dix, pour le goût, c'était une autre histoire. Bien éduqué, il se forçait à manger tout en grimaçant une fois sur deux, ça n'avait rien à voir. Tout d'un coup, un énorme boom retentissait aux alentours du palais. Des cris stridents et effrayants se faisaient entendre, tout d'un coup, des hommes apparurent, très vite bloqué par des gardes et ce pauvre Peter, assistait à ce que l'homme pouvait offrir de pire, lui qui n'avait jamais été un enfant et même un adolescent à plaindre, il apprenait que la maladie et la folie ne tuait pas toujours, parfois il faisait tuer. « PETER ! » criait son père, dégainant son épée et attrapant son fils pour reculer « PETER ! Peter écoute-moi, nous devons partir dès maintenant, le palais est un endroit bien trop dangereux... Peter, suis-moi et ne te retourne pas... »


Les flammes dansaient dans les yeux du jeune homme, un spectacle effarant si bien qu'il pensait, au loin, voir des pierres en lévitation, il se pensait alors atteint de la même folie que ces hommes qui tombaient les uns après les autres


« Devenir un homme : y a pas de stage, pas de rattrapage »

Dix années étaient passées depuis ce fameux incident du palais, un incident qui changeait un homme. Peter se tenait allongé sous cet arbre symbolique pour lui, en compagnie de son chat Daniel, posé sur son torse et ronronnant aux passages de la main de l'homme. « Regarde ce nuage Daniel, il te ressemble » lançait Peter qui s'adonnait donc à son activité favorite. Son chat leva la tête, le regarda d'un air blasé avant de retourner à sa royale sieste. Peter venait de sourire, légèrement, il ne se rappelle plus de son dernier fou rire, il adorait ça. « PETER ! » criait une voix qui se tentait d'être autoritaire, Peter tourna légèrement la tête pour croiser le regard de son père, qui se tenait les bras croisés devant lui « Mon fils, vient, j'ai une grande nouvelle pour toi. » Peter se leva, délogeant le pauvre Daniel qui s'en alla se rouler dans l'herbe et profiter du soleil printanier. « Peter, aaah mon fils adoré ! Que la joie me comble en ces moments, tes professeurs ne me disent que du bien de toi, sans exceptions ! Mais, trêves de bavardages, je dois t'annoncer une bonne nouvelle ! » s'enthousiasmait Sire Yngerame « Une bonne nouvelle Père ? Je dois avouer que la perspective me plait, j'en avait besoin après ces dix années belles à pleurer ». Le patriarche soupira, comprenant la désolation de son fils qui souriait de manière fausse comme son père dix ans avant lui. « Mon fils... Tu vas te marier avec la fille de la famille Blumenthal ! Que de chances en devenir pour toi, cette famille est plutôt réputé malgré le remariage du père, que sa femme repose en paix... » Et alors que son père se lançait dans un monologue interminable, Peter grimaçait, il a toujours voulu courtiser celle qui lui ferait battre le cœur, qui hanterait ses pensées mais son père en avait décidé autrement. « Oui Père. » Il n'avait pas pour habitude d'être en contradiction avec celui qu'il n'avait presque jamais vu de sa vie en comparaison avec d'autres. « Aaah, tu m'en vois heureux... Je l'ai toujours su Peter... Tu es devenu un homme mon fils. »

Il lui avait enfin dit, mais cela ne sonnait pas comme les mots de sa défunte mère. C'était faux et Peter, derrière son calme apparent, traduisez les paroles de son père comme :

« Maintenant tu es dans le grand bain, devine comment on nage. »