never mind your bleeding heart - elya

C’est elle qui l’a trouvé. Le souffle coupé, elle est restée un moment-là, à simplement le contempler. Elle ignore pourquoi. Est-ce que la peur ou le chagrin l’empêchaient de bouger, en cet instant ? Ou peut-être ne savait-elle simplement comment réagir. Elle ne dit rien, elle ne fait rien, elle reste simplement plantée là tandis que ses larmes lui montent aux yeux. Elle pleure, silencieusement. Elle ne s’en remettra jamais véritablement et elle le sait déjà. Finalement, elle n’a pas besoin de réagir. Sa mère et sa sœur entrent dans la pièce, et elle entend sa mère souffler quelques mots à sa cadette. Elle n’est pas dupe, sa sœur non plus. Elles sont capable toutes les deux, malgré leur jeune âge, de comprendre ce qui s’est réellement passé. Elya quitte la pièce et sèche ses larmes. C’est une petite fille, mais la vie à décider qu’elle grandirait plus vite que les autres.
A cet instant, son monde s’est muré dans le silence. Ce n’est pas seulement qu’elle ne parlait plus, elle avait cette sensation que tout ce qui l’entourait ne faisait plus aucun son. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ce n’était là que la manifestation de son pouvoir, qu’elle ne contrôlait plus, le chagrin l’ayant emporté sur elle.
Son père se donnant la mort. Ses pouvoirs chamboulant toute sa vie. Elle n’avait pas besoin de davantage pour se rendre compte que tout cela n’était qu’un fardeau qu’elle devait mettre de côté pour vivre pleinement sa vie.  Elle a tenté d’ouvrir également les yeux de sa jeune sœur sur ce point, mais elle était trop bornée pour le comprendre.


Lorsqu’elle plonge dans ses souvenirs, tout est flou. Il n’y a rien de précis qui lui revient.
Il y a sa mère qui leur dit qu’elles doivent s’en aller.
A cet instant elle comprend, mais elle reste perdue. Elles ont fui, elles ont couru aussi vite qu’elles le pouvaient. Les couloirs du château, puis les rues, les maisonnettes qui défilent au milieu d’une violence jamais vécu jusque-là. Il y a des tâches vermeilles sur le sol, elle préfère ne pas s’y attarder. Ne pas se poser de questions. Juste avancer, courir, se mettre en lieu sûr.
Elle se revoit crier, hurler, essayer de retenir sa sœur.
Mais il est trop tard, l’eau entoure déjà sa cadette et fonce sur des gardes. Les larmes lui montent aux yeux avant même que le coup ne retentisse. Le corps tombe lourdement sur le sol et elle hurle une nouvelle fois. Elle veut se précipiter vers elle, mais elle n’a pas l’agilité de sa sœur. Mareena n’avait pas laissé le temps à sa sœur d’agir, Elya n’a pas le temps de faire quoi que ce soit que sa mère attrape son bras pour la tirer au loin.
Elle pleure, elle pleure comme jamais.
Elle n’est même pas capable de se souvenir de l’endroit où elles se sont cachées. Elle sait juste qu’elle a pleuré des heures durant.


Malgré la rancœur persistante, elle s’est sentie soulagée d’un poids en apprenant que sa sœur cadette était en vie. Elle a tenté de la convaincre de revenir vivre avec sa famille, au palais, mais celle-ci a refusé.

Le destin semble vouloir s’acharner sur la famille. Lisbeth Rosenberg succombe à une mauvaise maladie et Elya se retrouve seule au palais, déchue. En tant que sorcière, elle sent ne plus avoir sa place au palais. Elle voit les regards qui lui sont lancés et se sent davantage prisonnière que chez elle dorénavant. Parfois, elle songe à quitter le confort du palais. Mais où irait-elle ? Que ferait-elle pour vivre ? Jamais elle ne l’admettrait, mais elle aimerait avoir la force et le courage de sa petite sœur.