Alwyne - In her world of dreams and make believe she reigns forever.

« Alwyne! Réveille-toi ! » Tu sursautes, arrachée brutalement à ton rêve par la main qui se secoue sans ménagement. Tes yeux ronds se posent sur le visage familier de ta mère, penchée au-dessus de toi. «  Debout ! » Debout ?!? Pourquoi ? Non ! Tu frottes tes paupières de tes poings fermés, baille à t'en décrocher la mâchoire et t'apprête à replonger dans les bras tendus de Morphée quand, tout à coup, ta mère te soulève hors de ton lit, t'arrachant un geignement boudeur. «  Conrad, habille ta sœur. » Ton visage se tourne vers la fenêtre, pendant que ton frère termine de t'emmitoufler dans un châle en laine et enfile tes bottines à tes pieds. A moitié endormie, tu ne comprends pas ce qui se passe. Il fait encore nuit dehors. La maison ne sent pas la miche chaude du petit-déjeuner. Et ta mère semble dans tous ses états. Quant à ton père... tes yeux fouillent la pièce. Où est ton père ? « Maman ? » Ta voix tremblote alors que ton cœur tambourine. Avec un sourire sans éclat, ta mère s'accroupit en face de ton visage et plonge son regard dans le tien humide de larmes. «  Tu vas partir avec Conrad, d'accord. Il faudra marcher vite, jusqu'à la forêt et surtout rester bien silencieuse. Écoute Conrad, obéis à ton frère d'accord, avec papa on vous rejoindra plus tard. Je t'aime fort ma petite libellule, n'oublie jamais. » Elle te serre dans ses bras et instinctivement tu fais la même chose, tu enroules tes bras autour de ses épaules et vient nicher ton nez dans son cou. Pour toujours tu voudrais rester au creux de sa chaleur, là où tu sais que rien ne peut t'arriver, mais elle brise l'étreinte et se tourne vers ton frère. Il proteste, refuse de la quitter, ne veut pas partir et du haut de ses 11 ans, frappe le sol de sa botte. Ta mère insiste tant et si bien qu'il capitule. Mais tu vois bien son menton frémir et les larmes au coin de ses yeux. Serrant les dents, il agrippe ta main et t'entraîne dehors. Vous longez les murs, vous mêlant aux ombres, tandis que tes yeux effarés suivent les silhouettes mouvantes de la milice. Tu peines à le suivre mais pas un son ne franchit tes lèvres. Rester bien silencieuse. Les mots de ta mère tournent en boucle dans tes oreilles.