See I'm tryin to find my place. (Rakel)

Ce n'est pas parce que Corona est un royaume empli de magie que tous ses habitants vivent un conte de fées.

Il était une fois, une jeune enfant aux yeux clairs et aux cheveux foncés. Elle vivait une vie modeste dans la ville qui prospérait autour du palais de Corona, entourée d'une sœur de six ans son aînée, et de ses deux parents. Pieds nus dans la poussière, on la trouvait souvent dans le sillon de sa mère, couturière au palais. Calme et attentive, elle observait son environnement. Le palais, les gestes de sa mère, rien ne lui échappait. Elle voulait suivre ses traces, apprendre à coudre et se rendre si utile qu'un jour, on lui aurait proposé de venir vivre au palais pour y travailler à temps plein. Elle rêvait de ressembler au très connu Eugène Fitzherbert, parti de rien et devenu époux de la magnifique reine Raiponce. Oui, elle était sûre qu'un jour, elle aurait sa chance de se sortir de la vie modeste qu'elle vivait auprès de ses parents.

Mais pendant que la petite Rakel rêvait à une vie de princesse, elle ne voyait pas ce qui se passait chez elle. Son père, mineur, trouva la mort alors qu'elle n'avait encore que neuf ans. La nouvelle l'avait laissée sans voix, choquée d'une mort aussi brutale et aussi injuste. Quelques semaines plus tard, c'était sa mère qui décédait. Terrassée par la douleur d'avoir perdu l'amour de sa vie, elle laissait derrière elle ses deux filles. Rakel, muette de surprise et de douleur, et sa grande sœur, rendue responsable à quinze ans à peine de la vie de sa benjamine. Mais Katinka ne voulait pas s'occuper de sa petite sœur. Ce n'était pas elle qui avait demandé tout ça, et elle en voulait presque à la petite Rakel d'être là. Alors elle partait, et la jeune fille dut apprendre à se débrouiller seule. Cirer des chaussures, nettoyer tout et n'importe quoi, repriser un vêtement... Elle essayait par tous les moyens de trouver un travail pour gagner sa vie. Mais à même pas dix ans, personne ne vous fait confiance.

De longues années de galère sont passées, où Rakel était dépendante de Katinka, vivant sur le tout petit salaire que l'aînée gagnait. Elle avait douze ans quand elle a pris sa vie en main pour la première fois. A force de voir toute cette noblesse passer en ville, se pavanant dans la richesse face au peuple, elle comprit pourquoi celui qu'elle avait tant admiré dans sa jeunesse avait commencé à voler des objets de valeur. C'était si facile, si proche... Pour la première fois, elle avait tendu la main vers une bourse avant de s'enfuir. Pour la première fois, elle pouvait acheter ce qu'elle voulait, et vit même un sourire se dessiner sur le visage de sa sœur épuisée. Tout l'encourageait à recommencer, et c'est ce qu'elle fit.

Au fil du temps, elle commença à monter une petite affaire pour revendre ses rapines. Sans vivre avec beaucoup d'or, elle pouvait tout de même se permettre de vivre correctement, et de se prendre une petite maison dans le village sur le continent. Seule dans sa demeure, elle se plaisait bien. Elle profitait des nuits agitées au palais pour s'introduire dans les fêtes et voler les bijoux. Habituée qu'elle était, ce n'était pas bien compliqué pour elle de trouver les bonnes personnes à dépouiller. Bien sûr, il y avait aussi les mauvais plans, ceux qui voyaient une jeune femme naïve et rêveuse. Il était facile de profiter d'elle en lui faisant croire à monts et merveilles. Chaque fois ou presque, elle avait fini en prison, mais chaque fois, on l'avait relâchée contre une prime. On ne voyait que l'innocence sur son visage, la fragilité de la jeune femme qui avait tout perdu dans son enfance. Elle n'était pas dangereuse, alors on la laissait partir. Et elle recommençait. Voler, c'était tout ce qu'elle pouvait faire en attendant que son prince charmant ne vienne la chercher.