CLAIR DE SANG

« – Quand est-il apparu ? – Il y a quelques jours Madame. – Sous cette forme ? – Non il était plus petit. – Je peux vous entendre et vous répondre, messieurs dames. » L’homme et la femme, ébahis, étaient en train de découvrir que les drôles d’animaux qui se liaient aux Gardiens, étaient doués d’une conscience et de la parole. Quels étaient donc ces étranges animaux ? Pourquoi apparaissaient-ils maintenant ? A quoi servaient-ils ? Pourquoi s’arrêtaient-ils aux côtés des Gardiens ? Aux nombreuses questions que leur apparition souleva, peu de réponses furent trouvées. Puis, petit à petit, on oublia les raisons, s’habituant simplement à leurs présences.


La nouvelle est tombée. Glaciale. « Vous êtes sûre de ce que vous avancez votre Majesté ? » Demande l’aînée de la famille Kraïev. « Oui, le virus a été découvert aujourd’hui. » Répond la Reine, Kira Lilov, récemment promue par le peuple Moroï. « Ce n’est pas possible. Nous… Nous ne pouvons pas tomber malades ! » S’écrit Sir Maslak, siégeant également au conseil. La Reine, perdue dans l’observation de la ville de Saint Pétersbourg depuis la salle du conseil, répond quand même, lointaine. « On peut tomber malade quand ça s’en prend à notre essence même, à notre magie. » Un silence, morbide, tombe sur l’assemblée. « Les scientifiques sont formels, ça détruit la magie élémentaire présente en nous. » Personne ne parle, certains tremblent, d’autres pâlissent à vue d’œil. Au fond de la salle, les Gardiens se regardent, inquiets. Que peuvent-ils faire contre un virus, comment défendre ceux à qui ils ont juré fidélité, loyauté et protection, peut être au péril de leur vie, face à une telle menace ? « Un remède ? » Question timide, prononcée du bout des lèvres par Dame Mineïev. « Aucun pour le moment… » Chuchotement terrible de la Reine, qui paralyse chaque être présent. Que vont-ils devenir ?


La société moroï pensait être au plus bas. Le virus ravageant leurs rangs. Et pourtant. Il n'en était rien. Désormais, la peur abrite chaque être, chaque demeure, la peur de finir égorger en pleine journée. La peur de ne pas voir le jour qui vient. La peur, terrible, oppressante, car un strigoï rôde dans les rues de la Ville. Sous la Bulle. Là où ils se sont toujours crus en sécurité..