Un héritier pour le trône ?

Je peux vous conter mon histoire, même s’il n’y a pas grand-chose à raconter d’après moi. Ma naissance ? Je n’en ai aucun souvenir, c’est un véritable trou béant dans ma mémoire à cause d’un accident survenu à mes douze ans. Tout ce que je sais, je le détiens de mon père adoptif : Klaus. Il m’a raconté m’avoir recueilli chez lui à l’âge de huit ans après le décès de mes parents dont il était proche. Il m’a élevé comme son fils, même si j’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose qui le dérangeait. Je n’avais pas le droit de sortir seul, et à chaque fois, je devais porter une écharpe pour cacher mon visage – soi-disant pour les microbes, car j’avais une santé fragile. J’ai toujours vécu à Arendelle, du moins, c’est ce que j’ai toujours pensé. J’ai donc grandi dans ce royaume sous le toit de Klaus, il possédait des chevaux et c’était ma seule occupation. Je passais mon temps à nettoyer, à leur donner du foin, ou à les brosser. J’avais une connexion particulière avec eux. J’ai rapidement su monter à cheval, mais mon père adoptif ne me laissait pas sortir du village. Et puis, il y a eu ce fameux jour… celui de mes douze ans où Klaus m’offrit un cheval tout blanc que je surnommais Diamond. Il n’était pas encore dressé, mais j’ai voulu le monter… grave erreur de ma part. Il s’est cambré, je suis tombé à terre. Je fus inconscient durant plusieurs jours, et à mon réveil, je n’avais plus aucun souvenir. Je n’avais perdu aucune faculté, je sais toujours parler, écrire, marcher ou encore compter – mais une chose a changé – cette affinité avec les chevaux s’est amplifiée. J’avais réellement l’impression qu’ils comprenaient ce que je leur disais, et inversement.

Et puis, il y a eu ce chamboulement dans ma vie. Pour la première fois en douze ans d’existence, j’allais côtoyer une enfant qui avait quasiment mon âge à trois ans près. Mon père adoptif avait été désigné comme son « tuteur » pour lui apprendre la magie et surtout contrôler son don. Je n’avais pas le droit d’entrer dans la maison quand elle venait pratiquer la magie, alors je l’admirais le nez collé à la fenêtre. Selma, cette petite brune venait d’apporter à ma vie, de la couleur. Longtemps seul, j’avais à présent une amie. À partir de ce jour, nous avons grandi côte à côte, elle, développant son don; et moi, travaillant avec les chevaux. Plus nous avancions dans l’âge, plus je restais devant la beauté de mon amie. Il m’arrivait parfois de l’observer lorsqu’elle étudiait avec concentration, trouvant cette petite fossette adorable au creux de sa joue. J’avais dix-huit ans lorsque j’ai compris que je développais un sentiment bien plus fort que celui de l’amitié pour Selma. Je ne voulais pas gâcher ce lien si fort qui nous unissait, alors je n’ai rien dit.

Le temps passait et cette routine commençait à m’ennuyer. J’avais ce besoin de liberté, d’aller voir d’autres contrées. Plus les jours s’enchainaient, et plus mes balades à cheval se faisaient longues. Et ce jour arriva où Selma me demanda de l’accompagner à Corona où se trouvait son père. J’acceptais sans hésitation, jamais je ne l’aurais laissé faire ce voyage seule de toute manière. Nous avons pris la fuite – sans avertir Klaus – car je savais qu’il m’empêcherait de quitter Arendelle alors même que j‘étais majeur.

Alors que nous venions de passer les portes de Corona, le regard des passants m’intrigua. Pourquoi nous fixaient-ils ainsi ? Avions-nous l’air de vagabonds ? Ou de meurtriers ? Des mots me venaient à l’oreille : « on dirait notre défunt roi Flynn... » « Quelle ressemblance… » « Est-ce le prince disparu ? » … Mais de quoi parlait-il, enfin ?