Alwilda - Occasionally, I give a damn.

Les enfants Thorvaldson étaient tous roux, une chevelure qu’ils avaient hérité de leur mère. Alwilda était la seconde née et la moins sage du trio. Leur père cultivait et ramassait des huîtres, puis passait un temps considérable à trier les perles. On les disait les plus belles du royaume, leur nacre brillait de milles nuances et elles se vendaient à prix d’or. Ils vivaient un peu à l’écart du royaume, dans un domaine près de la plage. Leur père était toujours très fière de raconter à qui voulait bien l’écouter que ses perles servaient à orner les plus beaux apparats des souverains.
La magie ils l’avaient hérité du côté paternel, la magie de l’eau coulait dans les veines des trois enfants. Leur père avait un don particulier avec les créatures marines, un don qu’avait également reçu le cadet.

Assez régulièrement ils se rendaient en ville pour faire commerce, une partie s’occupait des bijoux de nacres ou de coquillages, une autre des poissons et crustacés. Les années passant l’hostilité envers les sorciers se faisaient plus prégnantes et les acheteurs plus rares. Alwilida se révoltait de voir son père s’écraser et brader son labeur pour les nobliaux. Elle avait la révolte dans le sang et la passivité des uns la rendait agressive. A l’âge de 13 ans elle refusa les robes pour piocher dans la garde robe de ses frères. Elle ne supportait plus Corona et s’en allait souvent au port observer les bateaux qui l’emmèneraient vers des destinations lointaines. Par trois fois elle s’était proposée comme mousse et par trois fois les maîtres d’équipages avaient éclaté de rire.

Souvent l’aîné la récupérait, il s’était fait un devoir de surveiller son impétueuse petite sœur. Personne dans la famille ne s’expliquait pourquoi elle était si peu agréable, si peu reconnaissante de ce qu’elle avait. La raison en était simple, elle haïssait le rôle qu’ils lui préparaient. Son plus grand frère finirait probablement par rejoindre la garde, le plus jeune reprendrait l’affaire et elle ? On n’attendait d’elle simplement qu’elle fasse un bon mariage.
Elle avait 15 ans quand elle rencontra James O’Malley un marin de DunBröch, plus proche du pirate que de l’honnête commerçant. Six mois après leur rencontre James lui proposa de l’épouser. Le refus de sa famille n’empêcha pas l’union. Ni l’un, ni l’autre ne s’aimait vraiment, lui voyait en son pouvoir une formidable opportunité pour piller des épaves et elle un moyen de s’échapper à cette ville qui l’ennuyait. Cependant James n’avait vraiment aucune occasion de quitter si vite Corona, en vérité il espérait bien récupérer une partie de l’héritage, ou une dote de la riche famille commerçante.



Elle était trop fière pour être malheureuse  alors elle devint silencieuse. Il l'obligeait à plonger récupérer des richesses, elle aurait pu s'enfuir mais n'avait nulle part ou aller. Parfois, quand il était trop alcoolisé, quand il était trop en colère, il la battait. Alwilda en nourrit une profonde haine pour cet époux qu’elle n’avait par ailleurs jamais aimé. Rapidement il l'interdit de sortir, si bien qu'elle ne lui était plus utile. Si James était un lâche sans honneur, il avait cependant dans son entourage quelques hommes de valeur. Des valeurs probablement sujettes à controverse, mais tout de même. Ainsi le frère de James, Roan, qui venait de temps à autre rendre visite, lui sauva la vie.

Dès qu’elle avait rencontré Roan, elle l’avait immédiatement apprécié et c’était mutuel. Ils avaient noué une certaine complicité et la loyauté de Roan alla à sa belle-sœur. James comptait bien se débarasser de son encombrante et inutile femme pendant la purge, la livrer à la vindicte. Elle ne sait toujours quelle impulsion l'y poussa mais Roan la libéra des chaînes anisées  et c’est ensemble qu’ils tuèrent James pour lequel il n’avait plus le moindre respect. Il l'aida à enterrer le corps, puis lui apprit que le plus âgé de ses frères avaient été emprisonné. Il n’était pas mort simplement parce qu’il avait rejoint la garde, mais avait trahit en voulant aider un sorcier à s'échapper de cette immonde purge. Sous un prétexte ou un autre, ils l'ont mis aux fers anisés. Alwilda assista encapuchonnée à la torture de son frère, nourrissant de plus en plus de haine pour l’odieuse normalité.  Le soir venu, les doigts crochetés contre les barreaux de la cage de son frère, elle lui promis vengeance. Pour lui, pour son père qui avait été traîné hors de sa maison, pour la maison qui avait été pillé pour sa mère et son petit frère qui avaient disparus.

Elle quitta Corona dans la précipitation, avec la frustration de n’avoir pas pu libérer son frère, avec les regrets d’avoir abandonné sa famille mais avec la satisfaction d’avoir tué James et enfin trouver une certaine liberté. Une liberté qui venait avec le poids des regrets. Elle trouva cependant avec l’équipage des flibustiers un certain équilibre. Il y avait un bon nombre de sorciers rescapés, il y avait la colère et la soif de justice. Ils attaquaient souvent en priorité les navires de Corona et d'Andalasia.



Alwilda, renommée Willie parcouru les eaux lointaines, mais toujours ils finissaient par revenir aux abords du royaume. Depuis quelques temps, leur parvenaient des nouvelles de Corona, la première fut la disparition de la princesse et cela lui fit à peine lever un sourcil. Elle se désintéressait foncièrement de tout ce qui concernait la royauté. Savoir cependant que la chasse aux sorciers recommençaient et que de nombreux c’était déjà réfugié à l’extérieur de la ville raviva sa rancœur envers le royaume. Le capitaine du navire, qui avait lui aussi de nombreux griefs contre la noblesse de Corona y vit une opportunité non négligeable : le pouvait était affaibli et les sorciers se regroupaient. Lui ne croyait pas en une guerre, contrairement à Willie qui ne rêvait que de voir leur monde brûler, lui rêvait d’un était sorcier. Une idée qui faisait débat parmi l’équipage, comme probablement parmi tous les sorciers renégats. Ils firent toutefois clandestinement voie vers Corona,  n’accostant pas au port mais au large, là ou la forêt recouvrait la côte, là ou vivaient ceux qui avaient peur.

Alwilda ou Willie, peu importe est une femme étrange, elle connaissait peu de monde à Corona parce qu'elle avait décidé de détester tout le monde. Elle n'a jamais voulu être aimé ou apprécier, n'a jamais chercher à plaire et ne fait rien pour arranger ses cheveux, elle déteste les robes et a toujours snobé les réjouissances locales. Elle n'a jamais été très loquace, déteste perdre son temps en discussion futile. Elle n'est pas gentille, elle n'est pas méchante non plus, elle déteste l'injustice. Les forts qui s'en prennent aux faibles, elle ne croit pas en grand chose mais l'idée d'un état sorcier a fait son chemin en elle. Ce n'est que justice après les horreurs qu'ils ont eu à supporter.